Six heures 30, le bus roule doucement dans la ville encore endormie ; le jour se lève sur une campagne verdoyante grâce aux abondantes pluies tombées pendant toute la semaine. La température a déjà baissé de quelques degrés aux environs du Krib et à la sortie de ce bourg des écharpes de brouillard caressent encore les flancs des Djebel Dir et Kebouch. Arrivée au Kef à 09h pour une pause café rapide parce que la route est encore longue.
A l’horizon le Djebel Slata profile ses jolis escarpements, en arrière plan les montagnes algériennes nous rappellent la proximité de la frontière qui partage d’ailleurs le Djebel Boujabeur en deux ! Nous allons bientôt atteindre le village de Tajerouine, les champs sont tapissés de fleurs sauvages violettes. Nous y arrivons à 10 h sous un timide rayon de soleil.
A 12 km de Kallat Senan la fameuse Table apparaît à notre gauche.
Passage nostalgique tout près d’une minuscule gare et sa voie ferrée abandonnée avec une pensée pour tous ces monuments pittoresques coloniaux qui tombent en ruine dans l’indifférence et qui font partie de notre patrimoine historique, qu’on le veuille ou pas. Nous arrivons à Kalaat Senan à 10h 20, l’ancien village colonial est à gauche avec ses toits en tuile, la gare et des constructions traditionnelles tunisiennes. Nous continuons vers la gauche et le bus commence à grimper vaillamment sur une petite route sinueuse, bordée de forêts de sapins, la végétation et les tapis de fleurs blanches disparaissent peu à peu pour ne laisser apparaître que de la rocaille blanche.
Le bus s’arrête, nous commençons à marcher, la pente est rude, la vue déjà panoramique à cette altitude et la température a baissé à 6°. Vue d’en bas, cette montagne tabulaire est imposante, certaines parois abruptes sont découpées comme des cathédrales. L’escalier qui permet d’accéder au plateau est glissant et étroit mais sécurisé, mais nous voila rapidement arrivés au plateau, d’une superficie de 80 hectares, altitude : 1271 mètres.
La pluie a creusé dans cette roche calcaire des cavités plus ou moins profondes qui se rejoignent parfois entre elles et qui forment une sorte de sous-sol parallèle à la surface du plateau, c’est là que les habitants de la région abritaient leurs bétail et leurs réserves de grains ; ils ont aussi creusé des réservoirs pour avoir de l’eau en suffisance. C’est bien sûr aussi ce qui a permit à Jugurtha de tenir le siège contre les romains pendant 2 ans.
Le mausolée des Sidi Abdeljaoued et Ben Othman nous interpelle pour un petit recueillement sous ses voûtes et ses chapiteaux de colonnes teintées de vert.
Quartier libre à présent pour tout le monde, chacun profite à sa façon, la nature nous offre un paysage magnifique, le temps ma foi est en notre faveur, qui tête en l’air à admirer le vol des corbeaux au dessus de leurs nids, qui tête en bas lutte contre le vertige des failles gigantesques qui s’ouvrent sous les pieds..
Finalement tout le groupe se rejoint à l’autre bout du plateau pour une pause déjeuner dans la bonne humeur, abrités contre un petit muret rocheux, un décor grandiose en panoramique.
Retour vers l’escalier, nous nous retrouvons en bas de la Table, reste à présent à trouver les dolmens qui se trouvent là quelque part, pas très loin, mais où exactement ?.. malgré les indications qui nous ont été données nous peinons à les trouver et c’est au début du découragement qu’enfin nous les découvrons, nichés à flanc de colline, silencieux et secrets, comme on les imaginais. on est fou de joie..
Mais il est temps de prendre le chemin du retour, vu les gros nuages gris qui arrivent à notre droite. Effectivement, notre randonnée se termine sous la grêle puis la pluie, mais quelle belle journée !!!
15 avril 2014
ma7laha bladi